Dominé par la prodigieuse interprétation de Toshiro Mifune – dont ce fut la dernière collaboration avec le cinéaste, Barberousse inscrit les rapports humains de deux médecins dans une vaste fresque humaniste de plus de 3 heures. Destin d'un jeune médecin qui travaille dans une clinique pour pauvres sous les ordres d'un autre médecin intransigeant mais profondément dévoué à ses malades, dans le cadre du Japon d'avant l'ère Meiji, Barberousse était le film préféré de son auteur. On le comprend, tant y éclatent toute l'intelligence, l'imagination et la vitalité de sa mise en scène. Toutes les situations de la vie y sont explorées avec minutie, sans aucune coupure rythmique ou scénaristique. Des séquences violentes – la scène de l'opération – alternent avec des scènes sensibles – le jeune médecin essayant de guérir une jeune femme folle, l'une des plus belles scènes du cinéma tout court – des scènes tragiques – l'agonie du charpentier – ou des scènes cocasses – la démonstration de jiu-jitsu. Pour s'imprimer dans la mémoire des spectateurs, l'auteur de Kagemusha n'hésite pas à faire durer les plans, en privilégiant le plan-séquence. Au total, Kurosawa atteint avec ce film une véritable profondeur émotionnelle et dramatique, et offre un très sensible miroir de la vie à ses contemporains. --Sylvain Lefort
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